Au début du mois d’octobre dernier, le gouvernement du Québec annonçait en grande pompe le retour du cours d’économie obligatoire au secondaire. Ce cours doit être conçu pour apprendre aux élèves à bien gérer leur argent.
On ne peut que saluer cette décision. Le cours d’économie avait été aboli en 2009 et il était grand temps de corriger cette erreur. Évidemment, quelques voix se sont élevées contre ce retour, malheureusement. Mais j’avais bon espoir de voir ce projet aboutir dans un futur très rapproché.
Ce ne semble pas être le cas pour le moment. Plus tôt ce mois-ci, les syndicats d’enseignants ont demandé un moratoire au gouvernement sur le projet. Il est loin d’être certain que les cours débuteront à l’automne 2017, tel que prévu.
C’est dommage, mais c’est comme ça.
Jamais mieux servi que par soi-même
Les lecteurs assidus de ce blogue auront remarqué que je n’y fais (presque) jamais référence à la politique, et ce, principalement pour deux raisons :
a) c’est un terrain glissant, miné de partout et à haut risque de dispute ;
b) les finances personnelles, c’est une affaire individuelle ; il ne faut pas s’en remettre au gouvernement.
Personne ne sait quand les cours d’économie seront véritablement donnés dans les écoles secondaires du Québec. Connaissant la vitesse à laquelle se déplace la machine bureaucratique du gouvernement, ce pourrait être très long.
On ne connaît pas le contenu des cours, non plus. À l’époque où j’ai suivi mon cours d’économie au secondaire (1994), on a surtout vu le fonctionnement de la bourse et le phénomène de l’offre et de la demande.
Donc, chers parents, si vous aimeriez que vos enfants apprennent à mieux gérer leur argent, la meilleure solution est la plus simple : prenez leur éducation en mains!
Je suis convaincu que ce genre d’éducation doit absolument commencer à la maison.
N’ayez pas peur. C’est beaucoup moins sorcier que vous ne le pensez. On ne parle pas ici d’expliquer le fonctionnement des obligations d’épargne ou de décortiquer toutes les règles entourant les fonds de pension…
On parle plutôt d’expliquer la base des finances personnelles et de faire de vos enfants des consommateurs avertis.
Comment? Voici quelques pistes pour vous aider.
Prêchez par l’exemple
Le plus important, et de loin.
Les parents ont une très grande influence sur leurs enfants. Ceux-ci imitent les gestes et les paroles de leurs parents. Si vous lâchez un gros tabar…. en échappant une tasse, vous pouvez compter sur vos enfants pour le répéter. Faites un doigt d’honneur au chauffeur de la voiture qui vient de vous couper et vous pouvez être certain que votre enfant fera la même chose peu de temps après dans la cour d’école.
C’est la même chose en matière de finances. Si vous surconsommez, si vous achetez tout à crédit et si vous vous plaignez que vous n’avez pas d’argent par la suite, votre enfant fera la même chose.
Dès qu’il aura une carte de crédit, tout ce qu’il se rappellera, c’est que papa s’est acheté une télé et un système de cinéma maison à 3 500 $. Ou que maman vient de s’acheter une paire de souliers à 250 $.
Parce que, si c’est bon pour vous, c’est que ce sera bon pour eux aussi, non?
Non. Comme on dit en bon français, il faut que les bottines suivent les babines. Vous aurez beau dire à votre enfant que c’est important d’épargner, de bien magasiner avant d’acheter quelque chose, de ne pas payer pour une marque… Le message passera seulement si vous appliquez ces paroles à votre propre comportement.
Évidemment, cela demande que vos finances soient en ordre. Voilà donc une bonne motivation de le faire!
Impliquez-les
Les enfants adorent participer aux tâches des adultes. Ils aiment qu’on les consulte, qu’on écoute ce qu’ils ont à dire et qu’on leur demande leur avis.
Alors, profitez-en pour leur faire apprendre quelques petites choses sans même qu’ils le sachent. Si vous avez à magasiner en vue d’un gros achat, comme une voiture, un téléviseur, les vacances familiales, etc, demandez-leur de vous aider à comparer les options.
Ou, encore mieux, impliquez-les dans la planification budgétaire de la famille. Ou à la préparation de l’épicerie, par exemple. Cet automne, mon fils a joué à un jeu avec sa soeur : il lui a remis les circulaires d’épicerie et lui a « donné » 20 $. Avec cet argent, elle devait acheter 2 kg de viande, du pain, du lait et quelques autres aliments. (Il avait fait l’exercise en classe.) Elle a adoré.
Lorsque je me suis assis pour dresser la liste d’épicerie, quelques jours plus tard, les deux enfants ont participé au processus avec grand plaisir.
Si vous avez des discussions régulières avec votre conjoint ou conjointe pour discuter de votre budget, laissez les enfants s’asseoir à la table avec vous. Parlez-leur de la situation actuelle, des bons coups, des mauvais coups, de ce qui est prévu, etc. Demandez-leur ce qu’ils en pensent et écoutez ce qu’ils ont à dire.
Ne laissez pas le jeune âge de vos enfants vous freiner. Vous pourriez être surpris : ils en comprennent beaucoup plus à un plus jeune âge que vous ne le pensez!
Dire NON
Pensez à la dernière fois que votre enfant vous a demandé de lui acheter quelque chose. N’importe quoi : une poupée, un jeu vidéo, des souliers Nike, un CD. Peu importe.
Quelle a été votre réponse? Honnêtement. Avez-vous dit oui? Probablement.
Parce que vous ne vouliez pas de chicane. Et c’est normal. On est tous humains, après tout. Donc, vous avez acheté la paix.
Mais que serait-il arrivé si vous aviez dit non? Est-ce que la fin du monde aurait vraiment sonné?
Bien entendu, tous les enfants ne sont pas pareils. La réaction de mes enfants ne sera pas la même que celle des vôtres. Mais je crois tout de même que la plupart des enfants sont capables de raisonner si on leur explique clairement et calmement pourquoi on refuse.
Si votre enfant revient de chez un ami et vous demande d’acheter le camion Tonka avec lequel ils ont joué, expliquez-lui pourquoi ce n’est pas une bonne idée. Rappelez-lui qu’il a déjà six camions semblables et qu’ils sont très bons.
Apprenez-lui à apprécier ce qu’il a plutôt que d’envier ce qu’il n’a pas. C’est une leçon qui lui sera utile tout au long de sa vie.
La différence, c’est acceptable
Rappelez-vous vos années d’adolescence. Qu’est-ce qui était le plus important? Être aimé et accepté par vos pairs, sans doute. Il fallait absolument que vous ayiez les bons vêtements, les bons souliers, les CD (ou les cassettes) les plus populaires… Peu importe combien ça coûtait!
Je le sais, je suis passé par là!
Vos enfants n’y échapperont pas. En fait, avec les médias sociaux et tout le reste, ce phénomène sera amplifié par 1 000. Si vous ne voulez pas que les enfants des autres vous ruinent, apprenez à vos enfants qu’il est acceptable (et même souhaitable) d’être différent.
Enseignez-leur qu’il est important de juger les autres non pas par la marque de manteau d’hiver qu’ils portent, mais plutôt par leurs actes, leurs paroles et leurs idées. Des choses qui ne nécessitent pas d’acheter un t-shirt à 45 $ dans la boutique tendance…
L’allocation
Ah, l’allocation. Une question chargée. Quand? Combien? Pourquoi?
Pas facile! Même moi, j’ai de la difficulté à répondre pour mes propres enfants.
Lorsque j’étais ado, j’avais un ami qui recevait une « paie » à chaque semaine. On ne parle pas de 5 $ ou 10 $ par semaine. Non : à 14 ans, il était rendu à environ 100 $ par semaine!
Évidemment, il dépensait. Casquettes, chandails, souliers, jeux vidéo, pizzas, etc. J’étais jaloux, bien sûr, de le voir dépenser autant. Il lui arrivait parfois d’épargner pendant quelques semaines pour se payer quelque chose de plus gros. Mais il n’a rien économisé à long terme.
Je vous laisse deviner où il est en aujourd’hui…
Comme j’ai eu cet exemple dans ma jeunesse, j’hésite à remettre une allocation à mes propres enfants. Même à mon fils, qui vient d’avoir 11 ans et qui semble déjà bien comprendre la chose financière.
Je vous dirais d’y aller comme bon vous semble. Vous connaissez vos enfants mieux que moi.
Mais, je vous donnerais un conseil : encouragez-les fortement à épargner. Vous pouvez l’imposer comme condition. Ils devraient épargner la moitié de leur allocation, idéalement.
Ouvrez-leur un compte de banque ; la plupart des institutions offrent un compte pour enfant sans frais quand les parents sont clients. Vous gardez le contrôle, bien sûr. Dans le cas de la BMO, on vous remet une carte de guichet qui permet seulement de déposer. Les retraits se font seulement en présence des parents, au comptoir de la succursale.
Voilà une bonne façon de les mettre sur la bonne voie.
Surtout : amusez-vous et amusez-les!
Pour intéresser les enfants, il faut que ce soit amusant! Ne vous attendez pas à ce qu’ils acceptent tout de suite de s’asseoir à l’ordinateur avec vous pour lire les tableaux de la bourse ou faire votre budget dans Excel.
Mais si vous leur montrez que l’exercise vous plaît et que vous trouvez une façon de rendre l’argent intéressant et amusant, ils seront conquis et accepteront avec plaisir d’apprendre de nouvelles choses.
Et vous verrez, vous aurez un petit Savant ou une petite Savante en un rien de temps!
Quelles sont vos stratégies pour instruire vos enfants en finance? Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné?
Restez au courant
Abonnez-vous à l'infolettre de Mon Fric à moi pour recevoir les toutes dernières nouvelles.
Félicitations! Vous êtes maintenant abonné(e) à l'infolettre de Mon Fric à moi!