NOTE : cet article est une collaboration spéciale de Jonathan Simard. Auteur, blogueur et activiste, Jonathan a attiré mon attention lorsque j’ai appris qu’il avait relevé le défi de ne produire aucun déchet pendant une année complète. En suivant ses mésaventures informatiques par le biais de Facebook, je l’ai invité à partager son expérience avec vous. Il a gracieusement accepté. À la fin de l’article, vous trouverez les liens menant aux autres projets de Jonathan. Bonne lecture. – Seb
Au revoir, Macbook Pro
Je vis un deuil. J’en suis tout à l’envers, j’ai l’impression qu’il me manque quelque chose. Je me sens carrément nu.
Je n’ai plus d’ordinateur à moi.
Quand mon Macbook Pro a cédé l’âme (bon, il n’a pas d’âme comme tel, mais je l’aimais cet outil pratique…), j’ai dû faire un choix. Je devais remplacer mon ordinateur. La réparation n’était pas une option, le coût pour changer l’écran et la carte mère revenait au prix de la machine, qui date du début de 2011. J’ai donc fait une liste dans ma tête, question de peser le pour et le contre.
Regardons ensemble cette liste et voyons si j’ai fait le bon choix.
Option #1
- Acheter un iMac neuf
Comme je n’ai jamais bougé mon ancien portable (sauf pour l’apporter à répétition chez le réparateur), aussi bien acheter un ordinateur fixe. Pour le même prix, j’obtiendrais une machine plus puissante. Et on aime ça, la puissance. Plus de mémoire vive, plus d’espace de disque dur, processeur plus rapide, meilleure résolution d’écran.
Sapré belle bébelle.
Sauf que, justement, c’est « bébelle » pour le prix demandé. Comme j’ai réduit mes activités en photographie et en vidéo, j’ai rarement besoin de toute cette puissance. Et je n’ai pas comme projet d’envoyer des sondes spatiales en orbite autour de Saturne à court ou moyen terme non plus. J’écris des romans avec un logiciel de traitement de texte (Open Office, qui est gratuit). J’allais écrire « c’est tout », mais je devrais plutôt taper « c’est bien assez ».
Je dois ajouter qu’à la maison, tout le monde (ma femme, mon fils et ma fille) possède déjà son ordinateur. Il n’y a que Salem, notre chatte, qui n’a pas d’ordinateur (existe-t-il des iCat ou des Catbook ?). Donc, si j’ai absolument besoin d’un ordinateur pour un petit projet, j’ai quand même accès à une machine capable de faire le boulot. Et si personne ne veut partager, je n’ai qu’à trouver une façon de punir un des enfants et lui enlever son droit à l’ordinateur. Les joies d’être parent…
Donc, est-ce que ça vaut la peine de m’endetter de plus de 2 000 $ en m’achetant une machine capable de générer en temps réel une représentation haute-résolution 3D photoréalistique en 4K de Gollum en train de danser le cha-cha-cha ?
Non. J’écris noir sur blanc.
Option #2
- Acheter un iMac usagé
Je pourrais tout simplement acheter une plus vieille machine à quelqu’un pour une fraction du prix. J’y ai sérieusement pensé.
Sauf que j’ai trouvé le moyen de bousiller un ordinateur neuf de 3 000 $ en six ans. J’ai dû changer deux fois la carte mère et dès le premier mois d’usage, la mémoire vive a fait défaut.
Ça fait 500 $ par année pour une machine qui m’a causé beaucoup de maux de tête. C’est trop. Je m’étais acheté cette bombe justement pour ne pas avoir à la changer trop souvent.
On dirait bien que je me suis trompé.
Assurément, j’ai manqué de chance ; je suis tombé sur le citron de la gamme. Mais en même temps, je crois que je devrais me fier à mon expérience et non pas présumer que je n’ai été que malchanceux.
J’aime mieux blâmer les autres ; c’est naturel, non ?
Donc, si j’ai eu autant de trouble avec un ordinateur neuf, j’ose à peine imaginer l’enfer que je vivrai avec du matériel usagé.
Alors, pour l’usagé, c’est non.
Option #3
- Revenir à un appareil sous Windows
Tant qu’à acheter du matériel usagé hors de prix, j’ai donc songé à retourner à un PC opérant sous Windows. Et je me suis souvenu de la raison pour laquelle j’avais tenté le coup avec Apple : en fait, Windows est un système d’exploitation assez mauvais, instable comme un unicycle sur une chaloupe dans le Pacifique par une journée de tempête et qui a plus de bogues que… en fait, je ne trouve rien dans l’univers qui bogue plus que Windows. J’ai vécu l’enfer sur ces machines-là et tous les professionnels ne jurent que par Apple. J’ai essayé et c’est ça, je n’ai plus d’ordinateur…
Cependant, j’ai gardé en tête que ça restait un ordinateur. Un PC a le droit de « vivre ». Et je connais l’environnement Windows aussi bien que celui de Mac. Je ne serais pas perdu. D’ailleurs, je suis le soutien technique à la maison sur les trois autres ordinateurs qui fonctionnent encore.
Qui fonctionnent encore sous Windows, pas Mac…
Donc, je peux faire un sacrifice et revenir en arrière. En plus, pour le même prix, j’aurais une machine plus puissante, mais moins stable et moins aérodynamique (au cas où je voudrais la lancer).
Sauf que je n’ai toujours pas besoin d’autant de puissance. Je pourrais payer encore moins cher que ce que j’avais prévu au départ, ce qui est une révélation. Donc pourquoi dépenser autant ?
Sans parler de l’option 4, celle que j’ai le plus envisagée jusqu’ici.
Option #4
- Acheter un PC chez Insertech
Les deux ordinateurs de mes enfants ont été achetés chez Insertech, un OSBL qui oeuvre dans la réinsertion sociale de jeunes en difficultés. Leurs ordinateurs sont des machines remises à neuves, autant du point de vue matériel que logiciel. Et les machines sont bien assez puissantes et vendues à un prix dérisoire. Par exemple, pour 500 $, mes enfants se sont procuré des ordinateurs un peu plus puissants que mon (feu) Macbook Pro.
Je réitère que leur ordinateur fonctionne toujours. Pas le mien…
Donc, pour environ 700 $ (taxes incluses), j’aurais un ordinateur PC remis à neuf avec un écran, souris et clavier de base. Et pas une merde, oh que non. Processeur Intel Core i7, 4 GB de mémoire vive, 500 GB de disque dur. Je n’ai pas besoin de plus. Je pourrais même jouer à quelques jeux vidéo, si l’envie me prend. Et surtout, je peux « taper » à l’infini. Des lettres et des mots et des phrases et des paragraphes et des pages, jusqu’à Saturne ! Sans oublier qu’un ordinateur remis à neuf, ça entre dans mes valeurs.
Un ordinateur recyclé, c’est un ordinateur de moins au dépotoir. C’est un ordinateur de plus chez moi…
Ce qui me guide subtilement vers ma cinquième option…
Option #5
- Me contenter de ce que j’ai et être reconnaissant d’être en vie
Cette option s’est frayé un chemin dans mon esprit, un peu grâce à ma femme.
Je peux écrire avec mon iPad ; j’ai 90% des options que j’avais avant.
Je ne joue pas assez aux jeux vidéo pour investir dans une machine.
Si j’ai besoin de faire de la photo ou du vidéo pour mes blogues, j’ai toujours accès aux ordinateurs de la famille.
Je me contente donc d’être en vie et de pouvoir malgré tout continuer mes projets comme si j’avais mon propre ordinateur.
Sur le coup, l’idée était simplement d’être patient, d’attendre que le prix des iMac descende et qu’on ait le temps de régler quelques dettes avant d’en ajouter sur le tas. Sauf que là, nous allons payer nos dettes sans en ajouter ! C’est vraiment génial. Parce que dans ma situation, un ordinateur de plus, c’est vraiment du luxe.
De plus, nous avons trois iPads, ma femme a un iPhone et j’ai un vieux iPod Touch pour la musique. Je n’ai pas besoin de rien de plus. Je vais me servir du disque dur de mon Macbook pour en faire un média externe (500 GB SSD, on ne fout pas ça aux poubelles) et toutes mes données seront conservées sur ce disque. Mon ancien Time Machine servira de backup à l’ordinateur de ma femme, dans lequel j’entreposerai aussi mes données.
Avec cette option, je ne perdrai rien et je n’alourdirai pas mon empreinte écologique et mon niveau d’endettement ! C’est le meilleur des mondes ! Voyez-vous les licornes qui dansent de joie au pied de l’arc-en-ciel !?
J’opte donc pour l’option #5 !
Conclusion
Il y a de cela à peine une semaine, je ne pouvais m’imaginer vivre sans ordinateur. Il me fallait MA machine à moi. Ma mienne.
Quand j’ai fait le choix de ne rien remplacer, je me suis senti presque mal. Comme s’il me manquait quelque chose de fondamental, comme mon pancréas, ou même mon âme. Comment allais-je survivre ? Comment allais-je être heureux ? Mais surtout, comment allais-je envoyer des sondes sur Saturne ?
C’est quand la raison écrase les lubies, les désirs et les pulsions que le choix le plus éclairé fait son apparition. J’ai donc été guidé vers la simplicité volontaire. Je choisis la sagesse au lieu de sombrer dans la folie de dépenser inutilement pour le plaisir.
Je fais un choix Savant, finalement. Si seulement je pouvais toujours faire d’aussi bons choix…
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