L’aventure du travail autonome a piqué votre curiosité? Vous n’aimez plus votre travail actuel et vous aimeriez lancer votre propre entreprise? Le défi d’être votre propre patron vous tente?

Avant de tout balancer et de vous lancer, il serait sage de prendre le temps de bien peser le pour et le contre du travail autonome.

Après 3 ans de travail autonome (et encore plus d’années en tant qu’employé), voici le résultat de ma propre analyse du pour et du contre de ma nouvelle carrière.

Contre : un revenu variable

En ce moment, vous recevez un chèque de paie à des dates fixes, n’est-ce pas? Chaque deuxième jeudi, ou le 1er et le 15 de chaque mois, un montant plus ou moins égal est déposé dans votre compte en banque pendant que vous dormez. Vous êtes tellement habitué que vous ne vérifiez même plus le solde de votre compte.

C’est certain que le fait d’être payé de façon régulière, c’est idéal. Quand on sait à quel moment on est payé et combien on reçoit, c’est beaucoup plus facile de faire un budget. Cela nous permet aussi d’automatiser le paiement de nos factures, ou – mieux encore – de programmer des transferts automatiques vers un compte d’épargne pour nous bâtir un coussin de sécurité (entre autres).

Quand vous devenez travailleur autonome, par contre, vous pouvez pratiquement oublier tout cela.

Pour un travailleur autonome qui vend un service, il n’est pas inhabituel de n’être payé que 30, 60, ou même 90 jours après avoir facturé votre client.

Malheureusement, c’est le lot de bien des travailleurs autonomes. Cela peut causer des difficultés au départ. Vous risquez d’avoir l’impression de travailler pour rien, puisque l’argent tarde à entrer.

Mais après quelques semaines de travail régulier, les clients vous paient et vous pouvez respirer un peu mieux.

Cela demande tout de même une bonne gestion du budget et un suivi serré des comptes recevables. Des tâches que vous allez devoir faire par vous-même, puisque vous n’aurez probablement pas l’argent nécessaire pour les déléguer à quelqu’un d’autre, du moins au départ.

Pour : des revenus illimités

Selon le Conference Board du Canada, les entreprises canadiennes prévoient accorder une hausse de salaire moyenne d’un peu moins de 3 % pour 2019 à leurs employés.

Ce n’est pas mauvais, mais ce n’est pas le Pérou, non plus. Surtout si on considère que le coût de la vie augmente plus rapidement dans certains coins du pays.

Quand vous êtes salarié, vous pouvez vous croiser les doigts et les orteils et prier pour que votre employeur se sente généreux et qu’il augmente votre salaire de 4, 5 ou même 10 %. Vous ne pouvez pas vraiment en faire plus, car la décision finale ne vous appartient pas.

Disons que vous travaillez dans une boutique et que les clients ne se pressent pas aux portes de votre boutique. Ou que les dirigeants de votre entreprise décident que vous, les cubiculistes, ne méritez pas plus qu’une augmentation de 1 % cette année.

Dans ces cas, j’ai le malheur de vous annoncer que vos vœux ne seront fort probablement pas exaucés.

Et vous ne pourrez rien y faire.

Un travailleur autonome, quant à lui, a le plein contrôle de ses revenus. C’est lui qui fixe ses taux (en fonction du marché, bien entendu). Il peut décider de travailler 6 jours par semaine, 14 heures par jour pour faire 100 000 $ par année, s’il veut.

Pour vous donner un exemple concret, la différence entre mes revenus de 2018 et ceux de 2017 a été de près de 22 %. Pas besoin de vous dire que je n’ai jamais reçu d’augmentation de salaire aussi élevée dans ma carrière de cubiculiste!

Ce n’est pas pour rien que l’Internet est rempli de gens qui racontent comment ils arrivent à faire plus de 100 000 $ par année, année après année, en tant que travailleurs autonomes. Il y a des exceptions, évidemment, mais la plupart des travailleurs autonomes n’ont pas à se croiser les doigts et à se faire du mauvais sang en pensant aux décisions de leurs patrons.

Pour : un horaire flexible

Le mercredi après-midi, à 15 heures, tout le monde sait où vous trouver : assis dans votre cubicule, devant votre ordinateur, en train de préparer un rapport qui était dû pour midi.

Votre horaire quotidien ne change presque jamais : dans l’auto à 8 heures, coincé dans un bouchon sur l’autoroute Métropolitaine à 8 h 10, à la sortie à 8 h 35 et à votre bureau à 9 heures. Dans la porte à 17 heures. En libération conditionnelle le samedi et le dimanche.

Un tel horaire facilite la planification du reste de votre vie. Les cours de karaté de fiston le mardi soir. Le soccer de votre plus jeune le mardi. Coiffeuse jeudi. Brunch avec les beaux-parents dimanche.

Quand vous travaillez tous les jours de 9 heures à 17 heures, vous êtes obligé d’utiliser les quelques heures restantes pour faire tout le reste : les courses, l’épicerie, les rendez-vous à la banque, chez le docteur ou chez le dentiste. Tout doit être fait en soirée ou pendant la fin de semaine.

En ce moment, 99 % des gens suivent le même horaire. Ce qui veut dire que partout où vous irez, vous allez devoir vous battre contre des foules. Il faut aller chez Costco un mardi matin à 10 heures pour voir à quel point c’est agréable de ne pas vivre sur le même horaire que tout le monde.

La plupart des succursales bancaires ferment leurs portes à 16 h 30 chaque jour, mis à part une soirée pendant la semaine où elles sont ouvertes plus tard. Et elles sont fermées pendant la fin de semaine (sauf quelques rares exceptions). Prendre rendez-vous avec le toubib ou l’arracheur de dents un dimanche après-midi? Bonne chance.

La plupart des travailleurs autonomes ont le luxe de choisir leur horaire. Moi, par exemple, lorsque je dois prendre rendez-vous un mercredi après-midi, je peux facilement rattraper le temps manqué en soirée ou le lendemain. Ça règle bien des problèmes.

Contre : travailleur autonome et… solitaire

Quand vous travaillez dans un bureau, il y a toujours quelqu’un à qui vous pouvez raconter votre fin de semaine, ou montrer vos nouveaux souliers, ou parler du dégât que votre fils a fait la veille….

Vous pouvez sortir pour dîner avec vos collègues, ou aller prendre un verre avant de rentrer à la maison. Certaines amitiés peuvent même se former lorsque le courant passe.

Ce n’est pas la même chose pour la majorité des travailleurs autonomes.

Comme ceux-ci travaillent souvent à la maison et que la majorité de leur boulot se fait en ligne, ils ne voient pas beaucoup de monde. La majorité de leurs communications se fait par courriel ou par messagerie instantanée. Ils ne rencontrent presque jamais leurs clients, surtout lorsque ceux-ci se trouvent à l’autre bout du continent.

Les travailleurs autonomes passent de longues journées devant leur écran d’ordinateur. Souvent, ils doivent s’obliger à sortir de la maison. Aller au gym ou à l’épicerie, prendre une marche, ou même aller s’installer dans un café pour travailler : toutes les raisons sont bonnes pour sortir de l’isolement et éviter de perdre la boule.

Si vous êtes une personne très sociable qui a besoin de voir du monde et de jaser, le travail autonome n’est peut-être pas la meilleure solution pour vous.

Alors, plonger ou pas? 

Malheureusement, il n’y a pas de réponse toute cuite qui convient à tout le monde. La vie de travailleur autonome ne convient pas à tout le monde. Plusieurs personnes l’ont essayé, certains avec succès. Mais d’autres ont rapidement constaté que le travail de 9 heures à 17 heures leur convenait parfaitement.

À vous de peser le pour et le contre selon votre situation pour voir si l’aventure vaut la peine d’être tentée.