Le besoin d’épater les autres ne date pas d’hier. D’après-moi, même les hommes des cavernes tentaient d’impressionner leurs collègues, à leur façon. L’être humain a toujours recherché l’approbation des autres, la reconnaissance de ses semblables. C’est dans sa nature.

Malheureusement, aujourd’hui, ce phénomène est amplifié par l’ajout des nouvelles technologies. Avec tous les réseaux sociaux, les applications sur nos téléphones, les publicités qui nous frappent à gauche et à droite, le besoin de reconnaissance est encore plus grand.

Facebook a basé son modèle d’affaires sur ce besoin. On a besoin d’avoir le plus de like possible, on veut avoir un million de followers sur Twitter ou Instagram.

C’est déjà assez malsain en soit. Mais quand tout ça vient frapper notre porte-monnaie, c’est encore pire.

Tout le monde y passe

Nous l’avons tous fait. Moi le premier. Adolescent, je voulais toujours avoir des nouveaux souliers, des vêtements de marque, le meilleur Walkman avec les meilleures cassettes. Je réalise maintenant ce que mon besoin de me sentir accepté par mes pairs a coûté à ma pauvre mère.

Ce phénomène s’est poursuivi pendant une bonne partie de ma vie adulte. Oui, j’ai fait plusieurs achats basés majoritairement sur le besoin de me sentir accepté par les autres, de faire partie de la gang. Oui, j’ai acheté des vêtements de marque parce que c’est ce que je voyais dans les revues que je lisais. J’ai acheté de l’équipement électronique parce que tout le monde en avait et que j’en voulais un, moi aussi. J’ai payé trop cher pour ma première voiture parce que je voulais impressionner mes collègues de travail.

À l’époque, je ne voyais même pas que  j’agissais de la sorte. Comme la plupart des gens, sans doute. Nous sommes tellement conditionnés à rechercher l’approbation des autres que nous ne réalisons même pas que nous le faisons. Une grosse partie des pubs que nous voyons chaque jour tourne autour du concept de plaire à autrui. De fitter dans la gang. Tu veux te faire des amis, mec ? Apporte-leur une caisse de notre bière ! Madame, toutes toutes toutes vos amies utilisent ce rouge à lèvres. Il faut que vous l’utilisiez vous aussi !

Un seul gagnant

Le gros problème quand on dépense pour impressionner les autres, c’est que personne n’y gagne.

Nous connaissons tous quelqu’un qui s’est acheté une Mercedes ou une BMW neuve parce qu’il trouvait que sa vieille Camry rouillée détonnait parmi les voitures neuves et luxueuses des autres habitants de son quartier. Mais que va-t-il faire dans un an ou deux, quand son voisin va changer de voiture, probablement pour un nouveau modèle plus dispendieux ? Est-ce qu’il sera obligé de suivre ?

Idem pour ceux et celles qui insistent pour suivre la mode vestimentaire. Quand vous avez payé 150 $ pour une paire de pantalons turquoise  parce que c’était à la mode pendant l’été, que faites-vous à l’automne ? Dépensez-vous vraiment un autre 150 $ sur des pantalons bruns ou noirs ou gris ?

En électronique, c’est la même chose. Je pense aux disciples d’Apple, qui doivent absolument se procurer les nouveaux modèles offerts par l’entreprise dès leur sortie, quitte à camper devant le magasin pendant une nuit ou deux. Avec l’obsolescence programmée et la nécessité pour Apple et les autres entreprises du genre d’offrir un rendement à leurs actionnaires, vous ne gagnerez jamais à ce jeu.

Je répète : vous ne gagnerez jamais.

Non seulement allez-vous dépenser une fortune pour maintenir les apparences, vous risquez aussi de faire une crise d’urticaire en voyant votre voisin arriver à bord de sa nouvelle bagnole. Vous acheter vous-même une nouvelle bagnole, plus belle et plus chère que la sienne, deviendra votre nouvelle raison de vivre. Toute votre énergie sera dirigée vers cet objectif. Enfin, jusqu’à ce qu’un nouveau besoin vienne prendre sa place.

Tout compte fait, je ne vois qu’un seul gagnant : la banque, qui va se faire un plaisir de vous offrir une autre carte de crédit à 20 % d’intérêt quand vos trois cartes actuelles seront remplies. Et vous savez à quel point je déteste quand la banque gagne, n’est-ce pas ?

Le vide

Cet été, nous avons pu observer un excellent exemple du phénomène de dépenser pour suivre la meute : le jeu Pokémon Go.

Pendant un peu plus d’un mois, le nom du jeu était sur toutes les lèvres. Tout le monde (ou presque) y jouait. On en parlait aux nouvelles, dans les journaux, sur Internet. Rien de bien dangereux (sauf pour ceux et celles qui sont morts en jouant), n’est-ce pas ? C’est juste un jeu vidéo, après tout.

Effectivement, rien de bien dangereux. À condition de s’en tenir à la portion gratuite du jeu. Mais plusieurs se sont laissés prendre au jeu et ont versé une petite fortune dans les poches de la multinationale Nintendo.

Deux mois plus tard, l’engouement pour le jeu s’est en grande partie dissipé. Les médias ont décroché et les gens sont passés à autre chose.

Que reste-t-il à ceux qui ont payé pour jouer ? Un peu de plaisir pendant quelques heures à chasser des bonhommes virtuels ? Et si ces gens étaient allés faire une randonnée à vélo, à la place ? Ou prendre une bonne marche en forêt ?

Il ne reste que le vide. Dans votre compte en banque, surtout.

Ce n’est qu’au moment où vous serez tanné de ce vide que vous réglerez votre problème.

Alors, que faire ?

Heureusement, il n’est jamais trop tard pour agir. Bon, vous ne pourrez peut-être pas nécessairement vendre votre maison ou changer toute votre garde-robe demain matin, mais vous pouvez facilement changer d’autres comportements, par contre.

Prenez trois secondes pour réfléchir à ce que vous aimeriez que l’on inscrive sur votre pierre tombale, après votre décès.

Préférez-vous que l’on se souvienne de vous pour les vêtements que vous portiez ou la voiture que vous conduisiez ? Ou aimeriez-vous plutôt que l’on dise que vous étiez généreux, disponible et prêt à aider ?

Si la deuxième option vous sied mieux, agissez en conséquence. Offrez aux membres de votre famille ou à vos amis et connaissances des choses autres que matérielles.

Comme du temps. Soyez disponibles pour eux quand ils ont besoin de vous. Que ce soit pour déménager un meuble ou simplement pour les écouter quand ça file pas.

Vous pouvez aussi faire du bénévolat. Les organismes qui aimeraient avoir un coup de main pullulent.

Chose certaine, la sensation que vous éprouverez en le faisant sera infiniment plus gratifiante que celle que vous auriez pu vivre en recevant votre état de compte de MasterCard après trois ou quatre virées de magasinage !

Et ça, c’est Savant !

 


Qu’en pensez-vous ? Avez-vous identifié un comportement problématique que vous pouvez corriger ? Connaissez-vous des trucs pour éviter de tomber dans le piège ?

Faites part de vos commentaires dans l’espace prévu ci-dessous.

Partagez le texte avec quelqu’un qui pourrait en bénéficier.